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Présentation
de l’œuvre de Philippe DORIN Par les élèves de l’atelier d’écriture de 5ème Collège Pierre Mendès-France (Paris 20ème) |
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Création: 18/01/07 - Mise à jour: 11/02/08 |
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Philippe
DORIN est l'auteur de la pièce Bouge
plus! qui fait l'objet
de notre tutorat théâtral avec les élèves de CM1-CM2 de l'école Le Vau.
Nous avons préparé pour eux une présentation de l'oeuvre de cet auteur
de nombreuses pièces de théâtre pour la jeunesse (mais pas seulement)
dont nous irons voir la pièce le 20 janvier 2007. Florent Nicoud, le
comédien qui interprète le rôle de L'Enfant, dans cette pièce, nous
a aidés à préparer
notre intervention, grâce à notre partenariat avec le Théâtre de l'Est
Parisien.
Différents
exercices d'improvisations
théâtrales peuvent être imaginés
autour de Bouge plus! et proposés aux élèves. Gabrielle
PHILIPPE, professeur de Lettres modernes |
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Pour
découvrir chacune des pièces suivantes, cliquez sur les
titres: |
En
attendant le Petit Poucet Dans ma maison de papier, j'ai des poèmes sur le feu Ils se marièrent et eurent beaucoup de Sacré silence Bouge plus! Entretien avec Philippe DORIN, propos recueillis par Gabrielle PHILIPPE |
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Nouveau: Découvrir une Pièce (dé)montée (dossier pédagogique) consacrée à L'Hiver, quatre chiens mordent mes mains et mes pieds de Philippe Dorin, par Gabrielle PHILIPPE, ed. Scérén, CRDP de Paris, janvier 2008 |
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En attendant le Petit Poucet, de Philippe DORIN Edition : Théâtre, l’Ecole des Loisirs, 1999 Par Célia La pièce met en scène 3 personnages : LE GRAND, LA PETITE,
UN PETIT CAILLOU BLANC. Dans toutes les pièces de Philippe DORIN,
il n’y a que très peu de personnages : deux ou trois, quatre,
au maximum. Ils ont toujours des noms qui sont en fait des noms communs.
Le Grand et La Petite sont seuls au monde. Pour passer le temps, ils s’inventent des fables, pour chercher une explication à ce qui n’en a pas. Ils sèment des cailloux, sur leur chemin, et l’un d’entre eux est un personnage qui les accompagne. Lorsqu’ils ont fini le tour du monde, ils s’interrogent. Comment donner un sens à leur histoire ? J’aime la manière dont Philippe DORIN décrit les
choses. Ses parole sont faciles à comprendre, et très humoristiques,
parfois, surtout quand il fait des jeux de mots. Dès le début
de la pièce, Le Grand explique ainsi le nom du Petit Poucet : |
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Le Grand arrive. LE GRAND : L’histoire du petit poucet ! L’histoire du petit pouc’est… l’histoire du petit pou ! L’histoire du petit poucet, c’est l’histoire du petit pou. Il en avait plein la tête. Et ça le grattait, ça le grattait. Et chaque fois qu’il se grattait la tête, pour pas qu’on voie que c’était à cause des poux, il disait : « J’ai une idée ! » Il sème des petits cailloux blancs. |
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J’ai choisi de faire découvrir aux CM1-CM2 un poème que LA PETITE lit, à la fin de la pièce, p.78 : La Petite entre
sur scène. Elle déplie une feuille de
papier. Elle lit. |
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Le Festin de Pierre, Ph. Dorin |
Dans ma maison de papier, j’ai des poèmes sur le feu, de Philippe DORIN Edition : Théâtre, l’Ecole des Loisirs, 2002 Par Tiffany et Eva La pièce met en scène 3 personnages : UNE PETITE FILLE, UNE VIELLE DAME et UN PROMENEUR. Une petite fille
est en train de construire sa maison imaginaire. Mais soudain, elle
se transforme en une vieille dame. Un promeneur lui annonce
que l’heure de sa mort est arrivée, alors elle cherche un
moyen de la retarder. Elle prétend qu’elle doit rendre des
chaussures à la petite fille. Le promeneur ne veut pas la laisser
faire, car il a peur que ça prenne du temps, et qu’elle
lui échappe. Parfois, on ne trouve
au milieu d’une page qu’une courte
didascalie, comme : « Silence. », p.30, ou « On
entend fredonner la vieille dame. » p.50. On peut imaginer que cela dure
longtemps, et que le personnage fait toutes sortes de choses, sur scène,
pendant ce temps. Au début de la pièce, p.11, la petite fille décrit
le décor de sa maison. Cela nous permet de l’imaginer, sans
qu’on ait besoin de le réaliser dans la mise en scène.
Cela permet de développer l’imagination du spectateur, mais
aussi de monter une pièce sans que ce soit compliqué ou
que cela coûte trop cher. On retrouve un passage comme celui-là,
dans Bouge plus ! Et dans cette pièce, la table et la chaise,
dont la petite fille parle ici, sont très importantes. |
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Une
petite fille entre. LA PETITE FILLE : Là, c’est une porte. Là, c’est le couloir. Là, c’est la cuisine. Là, c’est la table. Là, c’est la chaise. Lui, c’est mon petit frère. Pousse-toi ! Là, c’est la fenêtre. Derrière, c’est la mer. Non, c’est la montagne. Non, c’est le désert. Non ! Derrière, c’est juste un petit pré, avec des moutons, un berger et son chien. Là, c’est le salon. Là, c’est le tapis. Ça, c’est mes chaussures. Là, c’est le fauteuil. Ça, c’est moi qui attends. Elle s’assoit. Un temps. Eteins ! |
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Voici l’extrait dans lequel le promeneur vient annoncer à la vieille dame que l’heure de sa mort est arrivée : |
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LA
VIEILLE DAME : Allume ! |
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Dans un autre passage, p.36-37, une même phrase est construite et poursuivie par deux personnages, dans un dialogue. Cela fait penser au jeu d’écriture surréaliste qui s’appelle le Cadavre exquis. Cette longue phrase raconte un conte. Il y en a un autre, que nous avons beaucoup aimé, p.21-22. |
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Lumière de lune. La petite fille et la vieille dame allongées
loin l’une de l’autre. |
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Philippe DORIN fait beaucoup de jeux de mots, dans ces pièces, comme lorsque les personnages expliquent leur nom, p.31 : |
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LA PETITE FILLE :
Allume ! La petite fille et la vieille dame, assises. LAVIEILLE DAME : Tu le fais exprès ? LA PETITE FILLE : Moi, je m’appelle Aimée. Et toi ? LAVIEILLE DAME : Moi, c’est Emma. LA PETITE FILLE : Aimée, Emma, c’est presque le même nom. LAVIEILLE DAME : Oui, c’est juste le temps qui change. LA PETITE FILLE : Tiens, il neige ! LAVIEILLE DAME : Eteins ! Noir. |
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Ils se marièrent et eurent beaucoup, de Philippe DORIN Edition : Théâtre, l’Ecole des Loisirs, 2004 Par Senem et Rahma La pièce met en scène 4 personnages : LE FUTUR, LA PROMISE, L’AUTRE et JULIETTE BEQUETTE. C’est le seul personnage de toutes les pièces de Philippe Dorin que nous avons lues, qui porte un prénom et un nom propre. « Béquette » fait penser au nom d’un autre auteur de pièces de théâtre, Beckett. Cette
pièce raconte l’histoire d’un garçon
qui s’appelle LE FUTUR (le futur mari) et une fille, JULIETTE BEQUETTE.
Ils s’aiment énormément, mais un jour, JULIETTE part
au bout du monde ; Alors une AUTRE fille débarque et dit au FUTUR
que le monde tourne, et que JULIETTE est derrière lui. Elle lui
vole un baiser, alors LE FUTUR lui demande d’aller rendre ce baiser
volé à sa fiancée. Le
texte que nous aimerions faire découvrir aux CM1-CM2 est une
chanson que JULIETTE fredonne, p.50 : |
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JULIETTE : Moi mon amour finit en novembre Toi le tien ne commence qu’en janvier Et entre-temps qu’est-ce que tu fais Et entre-temps qu’est-ce que tu fais Est-ce
qu’on
pourrait pas partir ensemble |
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Un autre passage : p.18 : Pour bien le lire ou le jouer, il faut imaginer les didascalies. Pourquoi ne pas essayer de les écrire ? | ||
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LA PROMISE : T’arrêtes de me regarder comme ça
? |
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Un autre encore : p.38 : |
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Au public. JULIETTE BEQUETTE : L’amour, c’est pas compliqué. Soit t’es un garçon, soit t’es une fille. Si t’es un garçon, pas de problème ! Si t’es une fille, c’est un peu plus difficile. Soit t’es belle, soit t’es moche. Si t’es belle, pas de problème ! Si t’es moche, c’est un peu plus difficile. Soit t’es riche, soit t’es pauvre. Si t’es riche, pas de problème ! Si t’es un peu pauvre, c’est un peu plus difficile. Soit t’es en pantalon, soit t’es en jupe. Si t’es en pantalon, pas de problème ! Si t’es en jupe, c’est un peu plu difficile. Soit tu sais parler anglais, soit tu sais pas parler anglais. Si tu sais parler anglais, pas de problème ! Si tu sais pas parler anglais, c’est un peu plus difficile. Soit tu cours très très vite, soit t’es un peu longue à la détente. Si tu cours très très vite, pas de problème ! Si t’es un peu longue à la détente, c’est un peu plus difficile. Soit tu lui colles une tarte de la main gauche, soit tu lui en colles une de la main droite. Y a pas d’autre solution. Elle regarde derrière le rideau. |
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Le CRDP de Reims propose une étude de la pièce |
Les deux personnages de la pièce sont LUMPE, une marchande de sons, et ECHO, une jeune femme. Sur une route, dans le désert du silence, LUMPE, marchande de son, roule devant elle son bidon plein de bruits, à la recherche de clients. Mais elle ne rencontre qu’ECHO, une jeune femme qui ne fait que répéter ses paroles. Cela l’exaspère. Dans les pièces de Philippe DORIN, les silences sont très importants. Dans une pièce comme celle-ci, qui parle de bruits et d’écho, ils le sont encore plus. Lorsque nous avons lu Bouge plus ! Florent Nicoud nous a expliqué que les répliques, dans les pièces de Philippe DORIN, doivent parfois s’enchaîner du tac au tac, et que les silences doivent parfois durer longtemps. |
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LUMPE
: Soupirs, murmures… ECHO : Soupirs, murmures… LUMPE : … frôlements, rumeurs ! ECHO : … frôlements, rumeurs ! Lumpe s’arrête. LUMPE : J’aimerais travailler en paix, s’il vous plaît ! ECHO : J’aimerais travailler en paix, s’il vous plaît ! LUMPE : Sortez ! ECHO : Sortez ! Echo ne bronche pas. Lumpe continue. LUMPE : Bruiss… ECHO : Bruiss… LUMPE : Vous voulez prendre ma place ? ECHO : Vous voulez prendre ma place ? LUMPE : Allez-y ! Ne vous gênez pas ! ECHO : Allez-y ! Ne vous gênez pas ! LUMPE : Jalousie, ça ! ECHO : Jalousie, ça ! Lumpe continue. LUMPE : Bruissements, froissements, crissements, craquements, grondements… ECHO : Bruissements, froissements, crissements, craquements, grondements… LUMPE : Très bien ! Je ne dirai plus rien ! ECHO : Très bien ! Je ne dirai plus rien ! |
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Dans cette pièce, que nous irons voir au Théâtre
de l’Est Parisien, trois personnages : LE PERE, LA MERE et L’ENFANT
nous parlent des liens familiaux. Ils ont tout le temps l’air d’être
en train de jouer, ou d’essayer leurs rôles, mais quand ils
veulent en échanger, ça ne marche pas. |
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L’ENFANT : Maman ? La mère entre. LA MERE : Quoi ? L’ENFANT : Rien ! LA MERE : Bon ! Elle sort. L’ENFANT : A toi ! LE PERE : Maman ? Personne. L’ENFANT : Encore une fois ! LE PERE : Maman ? Toujours personne. L’ENFANT : C’est curieux. Maman ? La mère revient. LA MERE : Oui ? L’ENFANT : Rien ! LA MERE : Faudrait savoir ! Elle repart. L’ENFANT : Essaye encore ! LE PERE : Maman ? Personne. L’ENFANT : Sans la chaise ! Le père se lève. LE PERE : Maman ! Toujours personne. L’ENFANT : Avec la petite voix ! LE PERE : Maman ? Rien. L’ENFANT : C’est pourtant pas compliqué. Maman ? La mère revient. LA MERE : Quoi encore ? L’ENFANT : Rien ! LA MERE : CA t’amuse ? Elle ressort. Un temps. LE PERE : C’est tout ? L’ENFANT : Oui ! LE PERE : Bon ! Chérie ? La mère revient. LA MERE : Oui ? LE PERE : On y va. LA MERE : C’est parti. Elle rejoint le père. Ils sortent. L’enfant reste seul avec la chaise. |
Florent Nicoud (L'Enfant) et Désiré Saorin (Le Père) en répétition au Théâtre de l'Est Parisien, 12 janvier 2007
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Trois objets sont très importants, dans cette pièce : la table, la chaise et les fleurs. Il arrive que les objets parlent. Cela nous a impressionnées. |
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LA CHAISE : Allume ! Lumière. La chaise, seule. LA CHAISE : Moi, c’et la chaise. C’est exceptionnel que je parle, là. Pas besoin de le dire, que je suis la chaise. Ça se voit tout de suite. Dès qu’on me voit, on se dit : « Tiens, la chaise ! » Pas besoin de dire à quoi je sers, non plus. Pas une seconde on se demande : « Mais qu’est-ce qu’elle fout là, la chaise ? » Non, on se dit : « Quelqu’un va entrer. Il va s’asseoir dessus. » Tout le monde le sait, qu’une chaise, c’est fait pour s’asseoir dessus. Faut rien lui demander d’autre. Y a qu’à se taire et attendre. Si quelqu’un me dit : « Debout ! », ça marche pas. Y en a qu’ont essayé. On les a enfermés tout de suite. Voilà ! C’et tout ce que je sais. Un temps. |
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haut de page | Nous avons aussi aimé les nombreux jeux de mots que l’on peut rencontrer dans cette pièce. L’écriture de Philippe DORIN est facile à comprendre, et amusante. | |
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La mère se retourne. LE PERE : Maman Taman Saman Notreman Votreman Leurman. Avec les fleurs ! (Il prend les fleurs.) Maman Taman Saman Notreman Votreman Leurman. Voilà ! C’est tout ! Alors ? LA MERE : Ca te va bien, toi ! Le père garde les fleurs. LE PERE : Eteins ! LA MERE : Attends ! LE
PERE : Répète
? |
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haut de page | Les noirs et les silences donnent le rythme de cette pièce. Ils permettent de délimiter les différentes scènes, qui sont comme des tableaux, et qu’on pourrait aussi bien jouer dans le désordre, ou même rejouer. | |
Philippe DORIN au Théâtre de l'Est Parisien, le 12 décembre 2006 / Ceci n'est pas un montage! (Lila Destelle, du Théâtre de l'Est Parisien) Les deux pièces sont jouées en alternance jusqu'au 10 février 2007 au Théâtre de l'Est parisien
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Entretien avec Philippe DORIN A l’occasion des représentations de Bouge plus ! et de Christ sans hache Au Théâtre de l’Est Parisien Propos recueillis par Gabrielle PHILIPPE, le 19 décembre 2006 Bouge plus ! n’est pas une pièce destinée à la
jeunesse. Cette pièce, créée en 2004, « a été conçue
comme une suite de scènes pouvant servir de matériel à la
construction d’un spectacle. L’ordre peut en être changé.
Certaines scènes peuvent être répétées
plusieurs fois, sur des modes différents ou en interchangeant
les rôles. […] Les temps de silence doivent être extrêmement
dilatés. […] Il faut toujours qu’on garde l’impression
de quelque chose qui s’essaie. » Il convient néanmoins
de respecter les trois axes autour desquels s’articule cette pièce
qui met en scène un père, une mère et un enfant.
Ces trois axes sont en lien avec des objets : la table, la chaise et
les fleurs. Il convient, lorsque ces objets prennent la parole, de contenir
les réactions du jeune public, dont les rires pourraient bousculer
le jeu. Ce qui compte n’est pas le moment où les choses
sont dites, mais le temps qui suit, les silences où le sens se
révèle. |